Le recueil de contes du Vietnam Légendes des terres sereines, de la plume de l’écrivain vietnamien francophone Pham Duy Khiêm, se clÙt sur un court récit autobiographique particulièrement évocateur:
La boîte de bétel de ma grand-mère.
Je perdis mon père quand j’étais encore au lycée, et sa disparition fut la condamnation de ma grand-mère. Elle mit deux ans á mourir, mais je ne le vis pas tout d’abord.
Elle était restée alerte, malgré ses quatre-vingts ans, et se rendait toujours á pied chez ses amies, ou chez nous, pendant les années on ne vivions pas avec elle. Les pousses (pousse-pousse) ne manquaient pas, ils ne coûtaient pas trop cher, mais elle s’en passait aisément et trottait, inlassable.
Mon père mort, elle ne bougea plus. J’étais pensionnaire (boursier depuis mon malheur) et chaque fois que je sortais, je la voyais assise á la même place, accroupie sur ce lit de camp où mon père s’éteignit, où elle devait le suivre deux ans après, où probablement mon grand-père était mort bien avant ma naissance. (On ne me l’a jamais dit; je n’aurais pas osé le demander, cela ne se demandait pas; j’étais du reste bien jeune pour y penser.)
Non seulement ma grand-mère ne sortait plus, mais chaque fois qu’il venait quelqu’un qui se souvenait de mon père elle se mettait à pleurer abondamment, si bien qu’on finissait par s’abstenir. Mon père laissait d’ailleurs des dettes et il avait eu le temps durant sa longue maladie, de voir s’éloigner presque tous ses amis et connaissances.
Nous avions une bonne, la nourrice de mon plus jeune frère, qui était restée chez nous après le départ de tous les domestiques et qui depuis longtemps je pense, n’était plus payée.
J’ai appris – il y a quelques années seulement - qu’elle réussissait, lorsque ma mère n’avait pas d’argent á lui remettre pour le marché, à emprunter elle même de quoi rapporter un repas pour la famille. C’était elle qui s’occupait de tout pendant les absences de ma mère.
Celle-ci faisait un peu de commerce, comme elle pouvait. Elle manquait de fond naturellement; elle allait chercher dans la Haute Région divers produits – parmi lesquels ces cornes de cerf dont on tire un fortifiant bien connu – cédés au bon marché par des amis, et qu’elle plaÁait ensuite un peu partout; elle avait fini par traiter elle-même les cornes de cerf. Je la plaignais, je souffrais, je n’osais l’interroger. Je voyais seulement qu’elle travaillait durement qu’elle parvenait difficilement à vivre et à faire vivre mes jeunes frères et sœurs. Heureusement je ne lui coûtais plus rien, grâce à la bourse, et au secours accordés par une société privée.
Le dimanche, je sortais du lycée après le déjeuner, et je rentrais en général avant le dîner pour qu’on n’est pas à me payer à manger à la maison. J’y trouvais mes frères et mes sœurs, pauvres petits, et toujours à la même place, ma grand-mère. Avec eux, la bonne, mais pas toujours ma mère.
Un jour, la bonne me dit avec un sourire hésitant, timide, ce sourire qui est notre pudeur à nous, une façon d’atténuer d’avance la tristesse de ce que nous allons annoncer, une excuse aussi pour cette audace – elle disait: Pauvre vieille dame! Hier, elle était assise comme d’ordinaire, silencieuse, immobile, sa boîte de bétel devant elle, lorsqu’elle se mit à soulever le couvercle, regarda un moment, puis, le laissant retomber, jeta dans un sanglot: "Voià bien du bon bétel, et personne ne vient!ª
Je ne répondis rien. Je n’avais pas l’air ému, mais je détournai la tête, et je vis avec les yeux de mon cœur en larmes, ma grand-mère en train de prèparer son plateau, rangeant dans de fines cases de bois laqué les feuilles vertes enroulées avec soin, les noix d’arec en quartiers égaux, sans oublier les lamelles de "racine". Elle manquait de bien des choses, mais elle renouvelait encore sa provision de bétel frais, et personne ne venait; elle voyait se flétrir et se dessécher son bétel inutile.
Pauvre grand-mère†! Ma mère, ta bru, a conservé la vieille boîte ronde, mais elle ne sait pas tout ce que celle-ci représente pour moi. Puisse-t-elle n’avoir jamais, pour sa part, la refermer avec le même cri et la même douleur que toi! Je promets d’y veiller, et c’est un des prétextes que j’aurais pour continuer, dans un monde sans intérêt, cette existence sans raison. Mais jusqu’à mon dernier soupir, je n’oublierai jamais – oh! Non, nul humain ne pourra me faire oublier – le temps où tu éclatas en sanglot, seule avec ta boîte de bétel.
La lecture du récit nous permet de saisir le subtil entrelacement des thèmes qui fait la richesse du texte de Pham Duy Khiêm. A des degrés divers, quatre figures apparaissent: ancestralité, la grand-mère de Khiêm est la mère de son père décédé, et à ce titre elle perpétue la lignée des ancêtres paternels, ce qui lui confère une autorité; continuité, la consommation et le partage du bétel est l’une de pratiques emblématiques de la sociabilité dans la culture vietnamienne traditionnelle, un conte connu de tous les Vietnamiens en retrace l’origine; affectivité, enfin, car cette grand-mère discrète, qui reçoit de moins en moins de visites, est entourée de l’amour de tous le membres la famille, sa belle-fille, sa domestique et ses petits enfants, au premier rang des quels, le narrateur, Pham Duy-Khiêm lui-mÍme. En ce qui le concerne, ce récit est empreint d’une signification particulière. C’est ce texte et, par extension, d’autres poèmes ou récits empruntés tant à la tradition orale qu’à la littérature écrite qui nous serviront de fil rouge pour préciser ces quatre grands traits de la figure de la grand-mère dans la, littérature vietnamienne. C’est à partir de ces quatre notions que nous analyserons, dans les trop courtes limites d’un article qui mériterait de plus longs développements, les figures littéraires de la grand-mère dans la littérature vietnamienne.
Les figures de l’ancestralité et de la continuité
La société vietnamienne donne une place centrale à l’interaction permanente des relations entre le monde des vivants et celui des morts, concrétisées par les rites liés au culte des ancêtres. Les portraits ou, plus récemment, les photos des grands parents figurent sur l’autel des ancêtres. Le terme bà, qui désigne la grand-mère, entre dans la dénomination des religieuses, des bonzesses, d’Ítres divins, de pagodes, de montagnes et relève par là du sacré. En effet, les grands parents, situés au passage du cycle qui unit les deux mondes, la vie et la mort, possèdent de ce fait une plus grande familiarité avec l’au-delà. Ainsi, dans l’iconographie populaire, le génie du mariage, Ông Tơ (Monsieur fil de soie) qui tord ensemble les fils de la destinée d’un jeune homme et d’une jeune femme pour en faire un seul et même fil, unissant inéluctablement leur destinée, a pour correspondante féminine Bà Nguyệt (Madame la Lune) la déesse du mariage qui, dans le même symbolisme, unit les fils de soie rose pour les futurs époux.
L’ancestralité est indissociable de la continuité: dans une société de parenté étendue et de cohabitation des générations, la grand-mère, gardienne du foyer, est aussi mémoire de la famille, gardienne des traditions de tous ordres. D’autre part dans les sociétés frappées par une forte mortalité, par la nécessité économique de la migration et par les guerres, ´des générations de grands-parents ont été appelées à la rescousse en cas de crise familialeª.
Comme le soulige pertinemment Do Lam Chi Lan: ´dans le passé la vieille bà s’est toujours trouvée aux cultes de l’enfant pour palier à l’absence des parents:
´Aigrette, aigrette jaune,
Ta mère est partie remblayer le chemin,
Avec qui resteras- tu?
Avec ta grand-mère, mais ta grand-mère n’a pas de seins…ª.
En ce sens, la grand-mère contribue aussi à perpÈtuer les traditions populaires. Dans un récit tiré de son roman Les premières lueurs de l’aube, Vo Quang met en scène, dans les premiers jours la révolution d’Août 1945, au Tonkin, un petit gardien de buffle, Cuc, et son amie Cu Lao; chargés d’une mission d’alphabétisation, ils entreprennent d’apprendre à lire à une vieille femme, Madame Kien. Non seulement celle-ci résiste mais leur fait découvrir la richesse de la tradition orale: proverbes et chansons populaires: ´A chaque lettre, Mme Kien trouve une phrase toute faite, tirée des chansons populaires, des proverbes, des dictons et des rebus. Cu Lao et moi nous y prenons grand plaisir…Le savoir de Mme Kien est comme une source souterraine qui, une fois dégagée, ne tarit plus. Oncle Nam Mui lui-même doit convenir que les chansons populaires et les bouts-rimés qu’elle connaît pourraient remplir quatre grands paniers.ª.
Dans la société vietnamienne contemporaine ´le mélange des générations et des classes d’âge au sein de la famille se raréfie et prive ainsi l’enfant de ces expériences de la vie collective acquises au contact des annés et de la disponibilité stimulante des vieilles bà qui le reliaient de manière tangible au passéª, et ce, en particulier du fait de la concurrence des ´savoirs de type scolaire…désormais presque les seules références de l’enfantª. Cependant, au Việt Nam, comme c’est le cas dans nombre de sociétés, les relations qui continuent à se nouer entre grands-mères et petits enfants, délivrées des contraintes d’autorité directe et des enjeux de rivalité qui opposent parents et enfants, restent empreintes de liberté, de réciprocité et par là de tendresse.
Les figures de l’affectivité et de l’autorité
De la continuité et de l’intensité des rapports entre grands-mères et petits enfant naît donc l’affectivité. Dans la tradition orale, ce thème est illustré par les berceuses:
"C‚lin, c‚lin, viens avec grand-mère,
Dépéche-toi d’être sage, dépéche-toi de grandir,
Dépéche-toi de grandir, tu iras labourer,
Pour emplir le bol de riz"
Cette tendresse entre grand-mère et petits-enfants est aussi thématisée par la littérature écrite, comme le met bien en évidence la nouvelle Grand-Mère de Bui Minh Quoc. La grand-mère, qui s’est occupée du petit Boong parce que les parents "étaient tous partis combattre les envahisseursª et qui, à chaque bombardement, pousse les enfants dans les tranchées ´comme une bande de canetonsª, a enveloppé tous les bébés confiés par les parents absents dans le même lange. Quand Boong, à 17ans, entre à l’Université, il reçoit de sa grand-mère, en cadeau, à titre posthume, ce lange ´un vieux morceau de tissus grossier, usé, en forme de triangle, comme un mouchoir plié en diagonalª. Dans la société vietnamienne contemporaine, en proie au bouleversement des valeurs, le séjour chez la grand-mère est aussi un moment de tendre liberté pour les enfants qui échappent ainsi à l’autorité de parents, telle la narratrice d’une nouvelle de Phan Thi Vang Anh et ses deux cousines :´Nous pouvions sortir avec nos copains aussi souvent que nous le souhaitions, car il suffisait pour faire plaisir à grand-mère de faire bouillir des feuilles de pamplemoussier afin qu’elle se lave les cheveux ou de lui proposer: " Et si je te masse le dos grand-mère".
Les grand-mères vietnamiennes ne se cantonnent pas dans leur rôle de gardiennes des traditions et de protectrices affectueuses de la famille, elles constituent aussi des figures d’autorité, une fois reconnus le respect et l’obéissance dus à la vieillesse. A travers les chansons de caractère éducatif, qui perpétuent le capital linguistique populaire, les grand-mères, comme les autres femmes de la famille, transmettent aux enfants les valeurs confucéennes étudiÈes par les hommes auprès des maîtres chinois. C’est notamment le cas des chansons qui inculquent le respect du à l’obéissance, même pour demander une friandise, telle l’une de chansons de ce type recueillie par Do Lam Chi Lan:
" Tape dans tes mains, tape dans tes mains,
Bà te donnera à manger un gateau.
Si tu ne tapes pas dans tes mains,
Bà te cognera la tête…cocª
(Saïgon, années 60)
Dans une nouvelle contemporaine, Tran Thuy Mai campe le portrait d’une bà qui défend sa bru, tombée enceinte après la mort de son mari, contre les intérêts bien compris du clan familial qui veut la chasser de sa maison: ´Ils diront que je suis la belle-mère qui défend la faute de sa bru. Qu’ils le disent, là où j’en suis, je m’en moque. La femme de Ngu est ma fille. Puisque mon enfant a faute, j’élèverai mes petits-enfants". L’autorité dont est investie la grand-mère vietnamienne peut aussi déboucher sur l’insolence, le plaisir de faire scandale et de dénoncer la domination des hommes. Dans Leçons paysannes de Nguyen Huy Thiep, la grand-mère du jeune paysan Lam, joue "la vieille dame indigne". Lors du repas familial, après avoir narré plaisamment l’histoire d’un sampanier qui se coupe les "couillesª, elle encourage Hieu, un jeune invité de son petit-fils, venu de la ville, à manger: "Il faut manger, mon enfant, car les hommes, ils n’ont pas pitié de nous. Eux, pour manger, ils traînent là-haut sur la terrasse, et pour dormir c’est sur nous qu’ils se couchentª. Et lorsque son fils lui intime de tenir sa langue elle lui rétorque "Tiens ta langue toi-même, merde! J’ai quatre-vingts ans et je dirai n’importe quoi à mon gré ".
Enfin, comme toutes les femmes vietnamiennes, les grand-mères, en temps de guerre sont aussi des combattantes. C’est le terme Bà qui est employé pour désigner les deux sœurs Trung qui dirigerent l’une des premières insurrections vietnamiennes contre les Chinois en 40 après Jésus-Christ. En cas de guerre, la femme ne se contente pas de s’occuper des enfants et des grands-parents, elle combat†: "Lorsque la sécurité du village était menacée, on savait pouvoir compter sur leur courage leur vaillance "Quand les ennemis arrivent, la femme meme se bat " dit le proverbe".
Dans la littérature ancienne, orale ou écrite, cette figure de la femme combattante est attestée, mais moins que celle de la femme du guerrier qui attend le retour de son époux. Dans la littérature vietnamienne du XX siècle, influencée par les normes littéraires occidentales, la femme participe comme l’homme au combat et les récits des deux guerres menées par les Vietnamiens contre les Français puis les Américains mettent en scËne des grands-mères combattantes. Xuan Dieu, représentant éminent de la nouvelle poésie, célèbre en ces termes sa vieille mère qu’il désigne par le terme bà :
"Toi tu es entrée dans la résistance au pays, dans le Sud,
Et ton fils, lui, là-bas, au Nord –huit années-
Quand tu étais malade tu te roulais dans une simple natte
Et les gens du village veillaient sur toi".
Autre figure de grand-mère héroïque, celle campée par Vu Thi Thuong, mère de Phan Thi Vang Anh et épouse du grand poète Che Lan Vien. Grand-mère mit refuse de révéler la cachette des partisans vietminh, ce qui lui vaut d’être battue par les soldats français: "J’m’en fous, d’ailleurs, j’vous emmerde tous! Et je vais continuer faire l’idiote… et toi tue moi si tu en as envieª Cette grand-mère vit avec son unique petit-fils qui rejoint la résistance comme agent de liaison. Il revient inopinèment un soir et dËs qu’elle comprend qu’il veut déserter, elle le pousse à retourner au combat: que dirait son père de sa désertion quand la grand-mère le retrouvera dans l’au-delà. La nouvelle se termine sur une phrase particulièrement évocatrice, scandée par le gémissement du vent et le bruit monotone des gouttes de pluie†: ´Et v’là! Il est parti, mon petit-fils ".
Au terme de cette enquête, il apparaït que quatre maïtre mots caractèrisent la grand-mère vietnamienne, ancestralité, continuité, autorité affectivité. On les retrouve si l’on mêne une brève analyse lexicale du terme bà (grand-mère, en vietnamien) et de son réseau sémantique. Le mot bà, en vietnamien, pris isolement, signifie grand-mère ou femme âgée. Il peut désigner aussi la femme en général. Enfin, dans les interactions verbales, il peut se traduire par vous ou elle. En effet, dans la langue vietnamienne, contrairement à l’usage français, les pronoms personnels tels que "je", "tu","il", "elle", "vous", ne peuvent être utilisés pour s’adresser, indifféremment à tout le monde. Il faut tenir compte des rapports de parenté, du sexe, de l’âge, du degré d’intimité. Et l’emploi de bà est de rigueur si l’on s’adresse non seulement à sa grand-mère, mais à toute femme âgée. Plus largement, c’est le terme de plus haut respect pour désigner une femme, qu’il soit utilisé par un homme comme par une femme.
Associé à d’autres mots, bà renvoie, bien sür, à l’idée de vieillesse: ba bo, ba lao (vieille femme) et entre de ce fait dans l’abondante nomenclature familiale de la grand-parentalité féminine, qu’il s’agisse de filiation ou d’alliance. Viser à l’exhaustivité allongerait inutilement le texte, nous nous bornerons à quelques exemples significatifs: bà noi (grand-mère paternelle, bà ngoai (grand-mère maternelle), bà co (bisaïeule), ba so (trisaïeule), ba gia (belle-mère), ba di (grand-tante maternelle). Mais le sens peut aussi renvoyer a un terme générique, ba me (les mères), chu ba ou dan ba, (les femmes). Dans cette optique on observe aussi un lien avec l’accouchement: ba sinh ou ba tam (sage-femme).
Autre connotation, celle d’autorité ou de respectabilité: ba vo (femme de condition), ba quan (femme de mandarin), ba chua (princesse), ba hoang hau (reine, impératrice), le terme pour désigner les Européennes (les dames) sous la colonisation était ba dam. De l’autorité sociale, on glisse à l’autorité sacrée: ba vai (bonzesse), ba so ou ba xo (religieuse catholique) ba thanh (une sainte), Duc ba (la sainte vierge), Phat ba (la déesse Quan Am), Ba Sinh (la déesse de l’accouchement). Le terme ba peut aussi être employé pour désigner des pagodes ou des montagnes: Ba Da (pagode située en face de la cathédrale de Hanoï), Ba Kieu (pagode proche du petit lac de Hanoï), Ba Den (nom de montagne dans le Tay Ninh, au nord-est de Saïgon).
Enfin, qu’il s’agisse d’autorité sociale ou de sacralité, la connotation peut être négative: ba giau (tenancière de bordel), ba gian (femme malpropre, mègere), ba ch‡n (ogresse), ba bong ou ba cÙt (sorcière). Cette brève analyse permet de mettre en évidence l’importance de la dénomination†: la faïon de nommer nous en dit long sur l’identité des individus, comme le souligne à juste titre Martine Segalen. Il nous apparaït que les termes de ce réseau sémantique sous-tendent les figures de la littérature orale ou écrite.
Ces figures mettent en scène des grand-mères réelles, des grand-mères de chair et d’os. En effet, il est de moins en moins envisageable d’opposer, en les hiérarchisant, les sciences sociales, à la littérature qui relèverait de l’imagination et de l’irréel, pour tout dire de l’idéologie, produit second du réel. Plutôt que de porter le soupçon sur la valeur de vérité de la littérature, au nom de la valeur de vérité des sciences sociales, il importe de mesurer les retombées pour les sciences sociales de la reconnaissance de la valeur cognitive des œuvres littéraires. Une fois écartés les biais d'une lecture naïve qui assimilerait l'œuvre à un document, on ne saurait mettre de cité cette source irremplaçable que constitue la littérature pour la compréhension d'une société et des relations qui se nouent entre ses membres.
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